De l’ensemble des consultations d’hypnose que j’effectue, presque un tiers a pour origine, conscientisée ou non, la blessure d’un abus sexuel ou de l’inceste vécu durant l’enfance. Souvent complètement nié par la partie du cerveau consciente / mental (hémisphère gauche), le souvenir est néanmoins relégué dans la mémoire de l’inconscient (hémisphère droit).
En réalité, le cerveau fonctionne de telle manière que rien, absolument rien, ne s’oublie. Fondamentalement, l’esprit met tout en œuvre pour nous éviter de nous faire revivre une situation dangereuse physiquement et moralement. Le processus de classement des souvenirs fait qu’ils ne se retrouvent plus dans la mémoire vive au bout de quelque temps. Vous n’y aurez donc plus accès. Excepté ceux chargés d’émotions négatives fortes, qui restent stockés dans un espace caché accessible à l’hémisphère gauche en lien avec l’égo, en cas de force majeure. Ces souvenirs, que nous pensons « oubliés » génèrent les blocages ou symptômes gênants qui peu à peu deviendront « invivables ». Simplement, la partie consciente du cerveau ne pouvant y avoir accès, elle sera incapable de désamorcer ces effets indésirables.
L’enfant sait très tôt qu’il est dépendant des adultes référents pour lui. Il n’a de cesse de se faire aimer par les parents tuteurs dans sa vie et sont sensés le protéger. De leur « reconnaissance » dépend sa survie. C’est naturellement qu’il considère leur comportement et parole envers lui comme légitimes. Cependant, il a la capacité de ressentir instinctivement toute malveillance de la part d’un adulte. Ce type de situation fera naître en lui un conflit majeur ; la contradiction entre le rôle protecteur et bienveillant de l’adulte et son acte irrespectueux et abusif envers lui. Il lui sera alors impossible de dénoncer cette situation durant son enfance, risquant de se mettre à l’amende du premier groupe social fondateur pour lui ; sa famille. Sa survie dépendant directement de cette dernière, il n’aura d’autre choix que de composer avec le comportement malveillant de cet individu, jusqu’au moment où il pourra enfin s’affranchir du groupe qu’il fuiera.
Certains enfants arrivent à dénoncer l’adulte abusif. Mais dans la plupart des cas, n’ayant d’autre choix que de subir la situation, l’esprit mettra en place le processus de survie basé sur le déni. Cet « oubli » provoqué ne l’est qu’en apparence. Ce n’est que plusieurs années après, une fois adulte, que l’individu ayant subi ces actes ressentira les puissants effets indésirables sur lui-même. Cette blessure peut avoir comme conséquence qu’il devienne à son tour abusif envers d’autres individus, ou bien qu’il reste « inactif ». Dans tous les cas, cette situation aura généré de lourdes souffrances bien souvent inconscientes.
Ces souffrances peuvent se traduire par un état dépressif, une attitude agressive en général ou bien envers le genre spécifiquement lié à celui de l’agresseur, une incapacité de contacts physique ou la recherche compulsive de promiscuité, des difficultés de désir sexuel ou une consommation sexuelle compulsive voire addictive, entre autre chose. Les troubles sont variés et peuvent survenir à un moment tardif de l’âge adulte, surtout si l’abus est nié, « minimisé ». Si la victime n’a pas conscience de la valeur des faits qu’elle a subi, l’inconscient lui signifie d’une façon ou d’une autre. Il attire son attention.
Une fois adulte, certains iront jusqu’à dénoncer l’individu abusif. Les nouvelles lois permettant la reconnaissance d’inceste et abus sexuels passés plusieurs années auparavant sont aidantes en ce sens. Cette reconnaissance juridique participe en partie à la reconstruction de la victime. D’autres victimes n’iront pas jusque-là et découvriront l’origine de cette blessure en venant consulter pour d’autres motifs. Mais dans les deux cas, un processus d’accompagnement est nécessaire. Cela passe par le « soin » de la blessure. Le souvenir de l’événement ne pouvant pas être effacé, il s’agit de transcender l’émotion négative qui y est associée.
L’hypnose est un outil efficace dans ce sens qu’il évite à la victime de raconter les détails de ces événements. Cela lui évite donc d’avoir à revivre les émotions négatives. Car la parole seule ne fait que raviver les souvenirs. Il n’est pas non plus nécessaire d’être conscient ou de se rappeler des événements pour pouvoir y avoir accès. Grâce à des techniques sécurisées, j’amène la personne à rentrer en contact avec son inconscient de façon à ce qu’il puisse opérer lui-même à la transformation de l’émotion négative associée au souvenir à l’origine de la blessure. Le rôle du praticien est de maintenir la personne dans un confort émotionnel durant tout ce processus. La technique de l’imagerie du coeur complète le travail de transformation en installant durablement un cadre émotionnel bienveillant pour la personne.